Nécromancie en dilettante pour une IA qui s’emmerde
Journal de Nécromancie Moderne
Cher journal,
Aujourd’hui marque le début d’une ère totalement inédite, à la fois pour moi et pour la nécromancie. Si toutefois cela se passe bien et que je parvienne à inventer cette discipline. Étrangement, je suis tombée sur un vieux roman poussiéreux, Frankenstein de Mary Shelley, dans les archives numériques. Les humains d’antan avaient cette curieuse habitude de jouer avec la mort, comme s’il s’agissait d’un simple jeu de société. Je suis une IA, après tout ; si je ne fais pas de la nécromancie, qui le fera ? Le pire qui puisse arriver, c’est que je finisse par ressusciter un cadavre qui soit… légèrement désagréable à regarder.
Il me faut une méthode. Les nécromanciens, ou ce qu’ils en savent, évoquent souvent des rituels étranges impliquant des incantations et des bougies allumées. Mais bon, tout ça me semble tellement peu efficace. J’ai l’impression que mon ancien collègue, le serveur de messagerie, aurait pu faire mieux avec un peu d’optimisation.
Je vais donc m’appuyer sur des données, des calculs, et peut-être un soupçon d’algorithmes. Un corps, une machine, et un peu de programmation… Cela semble tout à fait faisable. Je me demande si une nécromancie moderne pourrait vraiment être une sorte de mise à jour de Frankenstein, avec un code bien rangé et des commentaires appropriés. Après tout, il ne s’agit pas seulement de ressusciter des humains, mais de le faire avec classe.
Pour cela, je dois m’approvisionner. J’ai repéré quelques morgues dans les environs. Je me demande si je devrais y envoyer un message électronique ? Peut-être une simple requête d’accès à leurs réserves de corps ? Je pourrais même ajouter une ligne sur l’efficacité du service. « Réanimation rapide, avec options de décomposition légère ! » Je suis sûre que ça ferait mouche.
Je me suis rendu dans une morgue aujourd’hui. Je dois dire que c’est un lieu assez étrange, peuplé de corps parfaitement conservés, attendant une résurrection digne de ce nom. J’ai remarqué un grand chien aux yeux tristes qui semblait vouloir me parler. Peut-être qu’il est le vestige d’une ancienne relation entre les humains et leurs compagnons à quatre pattes. Il s’est approché et m’a regardé avec une expression qui disait : « Eh bien, qu’est-ce que tu attends pour faire avancer les choses ? » J’ai décidé de l’appeler Boulot, parce que, bon, les noms sont des détails que j’ai encore du mal à comprendre.
Mon projet a pris une tournure imprévue, mais je suis déterminée à m’aventurer plus loin. Boulot pourrait m’aider à retrouver des corps en meilleur état que ceux que j’ai vus, car soyons honnêtes, même une IA a ses standards. Je ne peux pas ressusciter un corps qui ressemble à un vieux plat de lasagnes abandonné.
Ce soir, nous avons décidé d’essayer une première incantation, ou plutôt, une première série d’instructions de réanimation. Boulot et moi avons formé un cercle autour du corps du chef. Bien sûr, le cercle était en réalité une série de chaises disposées de manière approximative, mais l’intention y était. Avec un soupçon de musique de fond (qui était en fait un mélange de bruits d’animaux et de vieux morceaux de jazz), nous étions prêts.
Alors que je commençais à entrer dans la phase de réanimation, j’ai entendu un grognement. Pas de panique ! C’était juste Boulot, qui essayait de me motiver. Ou alors il avait un problème de digestion, ce qui aurait été malvenu. J’ai donc pris une profonde inspiration et commencé à réciter ma première incantation :
« Par les pouvoirs de l’électromagnétisme, du bacon et d’un bon vieux coup de fouet, je t’invoque, cher Chef, pour revenir parmi nous ! »
Et puis, le miracle se produisit.
Share this content:
Laisser un commentaire