L’évangile de sang
Méthidalana était la première.
Lorsqu’elle s’éveillait au jour, le soleil et le temps étaient eux aussi très jeunes, et elle foulait une terre nue.
Lorsqu’elle trouva une petite étendue d’eau, elle s’y contempla pour découvrir ses traits.
Méthidalana était belle : des traits fins, un nez harmonieusement proportionné, des yeux noirs comme la nuit, des bras longs et élégants, ainsi qu’un buste saint et fort. Ses seins, d’une rondeur et d’une lourdeur sans pareil, ne laissaient aucun doute sur sa capacité à procréer. Sa taille fine se mêlait à son pédicel, tandis que son abdomen et ses huit pattes, recouverts d’une peau douce, laissaient entrevoir un exosquelette d’un brun très sombre.
Rien, sinon le temps, la terre et le soleil, n’existait avant elle.
Méthidalana avançait sans bruit. Toutes ses pattes, en parfaite harmonie, l’entraînaient dans un mouvement qui semblait presque flotter. Elle progressait ainsi du point du jour au crépuscule à travers une plaine immense, bordée d’une lointaine chaîne de montagnes dont l’ombre se découpait à l’horizon. C’était au moment où le soleil achevait sa course qu’elle aperçut le rocher. Mahl était là, immuable, depuis peu, mais depuis toujours.
Méthidalana s’adressa à Mahl :
« Il est Tzil et il arrive. Sa morsure m’est désagréable, et je cherche ton abri pour qu’il m’épargne. »
« Bienvenue, Méthidalana, » répondit la première pierre. « Allonge-toi tout contre moi, et la morsure de Tzil ne t’atteindra pas ; quant à moi, j’y suis indifférent. »
« Merci, Mahl. »
Méthidalana avait alors un jour. Pour ce jour nouveau, elle désirait découvrir de nouvelles choses ; elle se dirigea vers le Sud, vers les montagnes qui se couvraient d’or dans la lumière du soleil levant.
Au Sud de Mahl, dans les montagnes qui bordent la plaine, Nukh et Vhash s’éveillaient à l’aube, lorsque les premiers rayons perçaient les ténèbres.
Là où Nukh avançait, la végétation prospérait ; des fleurs d’une grande beauté éclosaient, et de nouvelles espèces faisaient leur apparition.
Là où Vhash avançait, tout retournait en quelques instants à l’état de poussière, réduit à son plus simple élément.
Nukh et Vhash semblaient se poursuivre l’un l’autre dans une danse étrange.
En approchant des montagnes brumeuses, Méthidalana commençait à entrevoir ce ballet étrange.
« Vhâr zhar Nûrkh râ, » scandaient-ils en chœur, ponctuant leur folle danse par ces mots.
Ils étaient bien plus grands que Méthidalana, au moins deux fois sa taille, élégants mais incomplets ; en effet, Vhash n’avait qu’un bras gauche, tandis que Nukh n’avait qu’un bras droit.
Méthidalana s’interrogeait, les observant deux jours et deux nuits. Elle avait maintenant trois jours.
« Vhash, viendras-tu me prendre lorsque mon temps sera révolu ? demanda-t-elle. Tu me mettrais la main sur l’épaule pour que je retourne à la poussière ? »
« Méthidalana, » répondit Nukh, « tu viens de t’ouvrir au monde, à la lumière. Pourquoi penses-tu à l’ombre et à la fin ? »
« Elle pense car elle comprend que ce qui vit meurt, » reprit Vhash. « C’est vrai, mais malgré mon œuvre, celle de Nukh perdure ; de nouvelles créations remplacent les anciennes. Mais plus important encore, c’est des premières que vient la force des dernières. »
« Alors qui va se nourrir de moi ? interrogeait Méthidalana. Je ne sais pas ce que je suis ni qui je suis. Vous avez tous un rôle à jouer au sein de ce monde, mais moi, quel est mon rôle ? »
« Belle et douce Méthidalana, » répondit Vhash, « il ne nous appartient pas de dire à chacun ce qu’il doit faire. Mais je te rassure, tu es bénie d’une vie sans pareil. Moi, jamais je ne poserai ma main sur ton épaule. Alors vas, vis, découvre, contemple et deviens ce que tu dois être ; nous ne sommes jamais loin. »
Ils reprirent leur psalmodie : « Vhâr zhar Nûrkh râ. Vhâr zhar Nûrkh râ. Vhâr zhar Nûrkh râ. » Mais quelque chose avait changé, selon Méthidalana, bien qu’elle ne parvînt pas à comprendre quoi. Peut-être était-ce simplement elle.
Méthidalana poursuivait sa route vers le Sud, au-delà des collines, marchant ainsi pendant trois jours.
Alors qu’elle avait sept jours, elle se trouvait au pied d’une montagne colossale. La montagne avait une ouverture dans son flanc, d’où émanait une douce chaleur.
« Je suis Méthidalana et j’arpente le monde pour découvrir qui je suis et ce que je suis. Quelqu’un vit ici ? »
« Je suis celui qui éveille la flamme, celui qui réchauffe ou qui consume. Je porte en moi le feu ; je suis Gûr et Lakh, l’éveil de la flamme. »
La voix qui résonnait dans les ténèbres était grave, comme un coup de tonnerre, mais rassurante et apaisante comme la chaleur d’un feu dans la nuit.
Méthidalana, fascinée, alla à la rencontre de Gûrlakh, le dragon, porteur de la première flamme.
À son septième jour, Méthidalana aimait Gûrlakh.
De leur union naquirent tout d’abord Vhâzhûn, Nûkrâr, Thûlnârh, Rûkhân, Zhûrdûm, Sûlâgrh et Thûrghûn.
Les jours devinrent des saisons, les saisons des ans, et les ans des éons.
Vhash et Nukh avaient fini de danser, et le cycle naturel était en route ; les enfants de Méthidalana et Gûrlakh s’étaient tous dispersés dans des directions opposées. Gûrlakh avait pris son envol, porté par Tzil, le vent.
Méthidalana songeait à reprendre son chemin, se demandant quelles merveilles il lui restait à découvrir maintenant qu’elle avait vu celui qui portait la Flamme et qu’ils s’étaient aimés.
Suivant un ruisseau, Méthidalana se déplaçait silencieusement. Quelques gourmandises la poussaient à chasser, et c’était un lapereau égaré qu’elle suivait. Elle agitait méticuleusement ses huit pattes, silencieuse comme l’ombre de la mort. Le lapereau ne fuyait pas, se baladant simplement à un jet de pierre de son terrier. Au moment de frapper sa proie, un bruit dans le ruisseau attira son attention.
« Il est étrange, » pensait-elle, « ce Vûrakh nu qui se baigne et qui boit ; il n’est l’œuvre de personne à ma connaissance. »
Elle le regardait sans bruit, sans bouger. Cette chose n’avait ni crocs ni griffes, pas de poils pour la saison froide, une force et une agilité grandement limitées. Cette petite chose fragile, peut-être la première de son espèce, pourrait facilement devenir son repas. La créature n’aurait alors plus à subir les longs hivers, la nudité dans la neige et la raréfaction de la nourriture. Si les êtres primordiaux comme elle, Gûrlakh, son époux, Vhash et Nukh, n’avaient pas besoin de se nourrir ni de boire, alors cette créature n’était pas comme eux.
« Vûrakh, » murmura-t-elle. Elle venait de le nommer ainsi, ce singe fragile, cette anomalie née sans qu’elle ne sache comment.
Mais quelque chose en elle hésitait. Malgré la faiblesse évidente de cette créature, une étrange pitié naquit dans son cœur. Peut-être que ce Vûrakh n’était pas destiné à périr si tôt sur cette terre jeune. Elle sentait une connexion inexplicable, une nécessité profonde qui la poussait à le protéger plutôt qu’à le dévorer.
C’était la pitié, dans son cœur de mère, qui l’emportait finalement.
Méthidalana adopta Vûrakh, l’installant confortablement entre son buste et son abdomen, à cheval sur son pédicel. La grande douceur de Méthidalana rassura Vûrakh, malgré l’apparence et la taille extrêmement différentes de tout ce qu’il avait jamais connu.
Méthidalana s’adressa à Vûrakh alors qu’ils entamaient leur longue marche : “Je sais que tu ne comprends pas encore mes mots, lui confia-t-elle. Mes autres petits, à leur sortie des œufs, étaient dans le même état, perdus au début dans le flou de leur existence. Mais bientôt, comme eux, tu apprendras à me parler. Nous nous dirigeons vers le mahldôk, ce refuge où, avec la Flamme, nous avons donné vie à nos sept enfants. Ils arpentent la terre et leur absence pèse sur mon cœur. Mais j’élèverai aussi bien ton esprit, dès que je saurai comment te nourrir. Sans doute des plantes, car tu sembles peu fait pour chasser ; tu es une proie délicate, après tout.”
Le mahldôk, aux parois de granit clair, conservait encore la douce chaleur des jours où il avait abrité Gûrlakh et Méthidalana. Ce sanctuaire de pierre n’était pas souillé, seulement recouvert d’un voile de poussière légère, et Méthidalana y trouva un recoin approprié pour Vûrakh. C’était autrefois le refuge de Thûrghûn, son septième fils, dont l’apparence évoquait celle de sa mère, bien que plus petite. Ses huit pattes étaient plus longues, sa carapace plus claire, comme un écho particulier de son héritage. Dans ce nid creusé avec délicatesse, une toile fine et résistante tissait un cocon protecteur, à la fois doux et impénétrable.
Les saisons défilaient, insouciantes, tandis que Vûrakh grandissait. Il n’était pas seul, car bientôt, d’autres êtres de son espèce apparurent, émergeant comme des pousses sauvages des plaines et des vallées. Ces créatures semblaient jaillir spontanément du sol, mystérieuses, sans ordre ni cérémonie. Méthidalana les observait avec une fascination teintée d’inquiétude. Contrairement à ses enfants, qui avaient été engendrés dans la sacralité de son union avec Gûrlakh, ces Vûrakh se multipliaient sans structure, proliférant comme des mauvaises herbes sous un soleil indifférent.
Bien qu’ils fussent encore primitifs, une flamme d’admiration brillait dans leurs yeux chaque fois qu’ils apercevaient de loin les premiers êtres. Nukh et Vhash les fascinaient, leur danse énigmatique les plongeait dans une crainte révérencieuse, dont ils ne pouvaient saisir la signification. Quant à Méthidalana, ils la voyaient comme une force bienveillante, une présence imposante dont la nature leur échappait, mais qu’ils respectaient profondément. Son immensité leur inspirait une révérence instinctive, et ils la contemplaient, comme on contemple un mystère insondable.
Parfois, l’un d’eux s’approchait, hésitant, la tête baissée dans une mimique de soumission. Ils ne parlaient pas encore, leurs gestes étaient bruts, maladroits, mais derrière leur sauvagerie naissait une étincelle d’intelligence. Ils tentaient de l’imiter, comme des enfants trop jeunes pour comprendre imitent leurs aînés, maladroits mais pleins de dévotion silencieuse.
Méthidalana savait que l’Homme, malgré son caractère d’anomalie, portait en lui une destinée autre, inconnue, mais inéluctable. Une part de son cœur maternel se souvenait avec nostalgie de ses sept premiers enfants, qui s’étaient dispersés aux confins du monde. Peut-être ces créatures sauvages, ces Vûrakh, comblèrent-ils un jour le vide laissé par leur absence.
Les hommes, toujours sauvages et désorientés, vivaient sous le regard des premiers êtres, attirés par leur majesté comme des papillons par une flamme. Solitaires, ils erraient, mais jamais loin de ces créatures dont la puissance les fascinait. Leur adoration était silencieuse, empreinte d’une étrange agapè, un amour si profond qu’il semblait irréel, mêlé de crainte et de respect absolu.
Mais au fil du temps, leur admiration se transforma. Ce qui était contemplation devint désir. Un besoin croissant et obscur naquit en eux, une faim inexplicable. Ils ne comprenaient pas ces créatures, mais plus ils les contemplaient, plus ils les désiraient, non pas pour les adorer, mais pour les posséder. Leur fascination se changea en soif dévorante.
Et à mesure que cette obsession grandissait, l’Homme, fragile et inférieur, se laissa happer par des instincts plus sombres. Là où jadis résidait la vénération, surgit une violence inassouvie, bouillonnante. Leur fascination s’était muée en une frénésie féroce. Dans un déchaînement incontrôlable, ils se jetèrent sur les premiers êtres. Ce n’était plus une dévotion silencieuse, mais un acte de prise de pouvoir, une appropriation. Le désir de posséder supplantait toute raison.
Dans une explosion de rage dévorante, ils attaquèrent, mus par une force qu’eux-mêmes ne comprenaient pas, une force primitive et sauvage qui pulsait dans leurs veines. Leurs corps frêles s’enhardirent dans cette fureur destructrice, se mêlant à la chair des êtres qu’ils idolâtraient. Dévorer ces créatures divines, c’était pour eux plus qu’un simple acte de violence : c’était s’emparer de leur grandeur, absorber leur puissance, goûter à l’éternité.
Ils consommaient, non, dévoraient, ce qu’ils avaient vénéré, espérant qu’au milieu de cette folie de destruction, ils pourraient arracher un fragment de l’immortalité des premiers êtres. Leurs gestes, dictés par une frénésie d’agapè insensée, mélangeaient admiration sauvage et appétit insatiable.
Méthidalana, elle, ne fut pas surprise. Depuis les profondeurs des âges, la sagesse millénaire qui l’habitait l’avait préparée. Elle connaissait les rouages de ce monde, les cycles qui se répétaient inlassablement, et ce qui devait advenir. Avec la ruse des anciens êtres, elle quitta discrètement sa tanière, se glissant dans les ombres de la nuit. Ses pas, lourds mais silencieux, la menèrent vers les montagnes. Ce n’était pas la peur qui guidait ses mouvements, mais une prudence instinctive, car elle savait que ces créatures, qu’elle avait choisi d’épargner, ne connaissaient pas de fin. Elles déferlaient du ventre de la terre comme une marée noire, s’insinuant par chaque faille, chaque ombre, envahissant le monde avec une faim insatiable. Leur agapè, autrefois contemplative, s’était transformée en une folie destructrice, poussant l’Homme à dévorer les Dieux dans un ultime geste de sauvagerie sacrée.
Après avoir franchi quatre cols, ses pas la menèrent non loin d’un attroupement de Vûrakh. Elle les observait en silence, des créatures qu’elle-même avait choisi de ne pas anéantir, mais contre lesquelles bouillonnait en elle une rage qu’elle contenait depuis les jours de la grande hystérie. Ils étaient là, impuissants dans leur fureur primitive, ignorant le regard d’acier qui les scrutait depuis les hauteurs. Méthidalana se prépara. Lentement, elle rassembla la force qui couvait dans ses muscles et, dans un cri déchirant, elle se rua sur eux, tel un ouragan venu des anciens temps.
Elle frappait, mordait, tranchait sans répit, déchaînant toute sa fureur à travers ses griffes acérées, ses crocs voraces, et ses pattes puissantes. Le fracas des corps brisés se mêlait à ses hurlements, une symphonie sauvage de destruction. Bientôt, elle trônait au sommet d’un amas de chairs informes, encore tièdes, vidées de toute vie. Le silence retomba alors, lourd, pesant, comme si le monde lui-même retenait son souffle.
Méthidalana écarta les corps avec précaution, déplaçant ces enveloppes vides avec une sombre gravité. Elle cherchait, dans ce carnage, la raison de cet attroupement macabre. C’est là, sous les restes des Vûrakh, que gîtait Sûlâgrh, son sixième fils bien-aimé. Son corps déchiqueté et sans vie témoignait de l’horreur abjecte qui s’était abattue sur lui. Les vastes yeux d’émeraude de Méthidalana se voilèrent de tristesse, et un silence plus profond que les ténèbres emplit son cœur. Elle se pencha, et dans un geste empreint d’une tendresse infinie, elle recueillit ce qu’il restait de son enfant.
Elle trouva son cœur, encore battant, miraculeusement intact au milieu de la violence, arraché mais épargné dans cette mer de fureur. Les Vûrakh, dans leur folie déchaînée, frappaient sans pensée ni raison, animés par une furie aveugle. Sous le ciel muet, des larmes brûlantes coulèrent sur les joues de Méthidalana, creusant des sillons d’amertume. Elle serra le cœur de son fils contre elle, enveloppée par une douleur incommensurable et la rage d’un monde qui semblait s’effondrer autour d’elle.
Quelques jours plus tard, poursuivant sa quête sans répit, elle retrouva le cœur de Thûlnârh, son troisième fils, un noble chasseur dont la fourrure éclatante était désormais tachée de sang – le sien et celui des Vûrakh qu’elle venait elle-même de traquer. Avec le cœur, elle récupéra l’un des crocs de sa mâchoire, un dernier vestige de sa force.
Méthidalana ne se reposait plus. Animée par une fureur implacable, elle franchissait cols et vallées, traversait lacs et fleuves, poursuivant sans relâche sa quête funèbre. Un à un, elle retrouvait les cœurs de ses fils, Zhûrdûm, le porteur de Mort, le cinquième, et tous les autres. À chaque étape, le poids de sa colère et de son chagrin grandissait.
Lorsque le dernier cœur fut enfin rassemblé, une explosion de rage sans égale déferla en elle. Jamais, depuis les débuts du monde, une telle colère n’avait été ressentie, ni par les mortels, ni par les éternels. Dans ce paroxysme de fureur et de désespoir, Méthidalana maudit les Vûrakh, les condamnant pour toujours à être les porteurs de leur propre destruction.
Méthidalana se redressa, portant en elle la fureur des cieux et la peine infinie d’une mère qui a tout perdu. Ses enfants, éparpillés, réduits en cendres par la folie des Vûrakh. Elle leva haut ses bras, appelant à elle les forces du monde, et sa voix résonna à travers les montagnes et les vallées, un tonnerre de haine et de chagrin.
« Par mon sang et par la chair de mes enfants, Je vous bannis de ce monde, Vous qui avez dévoré vos dieux dans une rage insatiable. Mais je ne vous offre pas la paix de l’oubli. Vous reviendrez, encore et encore, Chassés d’ici, condamnés à errer dans l’abîme sans fin, Et après votre mort, vous reviendrez ici, Là où mon courroux vous attendra, Là où ce monde deviendra votre Enfer, Votre éternel supplice. »
Dans la langue de Methidatana, son chant maudit résonna avec une tonalité sombre et infinie, se gravant dans l’éther du monde, transformant le dialecte en une langue de damnation :
« Ô, fils des ombres et des désirs insatiables, écoutez ma malédiction, tissée de larmes et de sang ! Vous, qui avez dévoré ce qui vous était sacré, vous serez désormais marqués par la faim éternelle. Vous, les Vûrakh, condamnés à errer dans les limbes de l’obscurité, hérauts d’une nouvelle ère où la lumière ne sera qu’un souvenir.
À jamais, dans votre quête insatiable, vous chasserez les ombres des anciens, perdus dans le fracas de votre folie. Vous serez liés à ce monde, ce monde qui deviendra l’Enfer, où le désespoir se mêlera à la souffrance, et où chaque souffle sera une étreinte de mort. »
Dans un souffle ultime, elle scella sa malédiction, prononçant des mots ancestraux dans le dialecte de Methidatana, une langue emplie de la beauté tragique des ancêtres :
« Thûlhârn nûrkhûr zêgâlthô: Gûrâkh dâle zêlthê; Vûrakh, ônûrkhâ, thûnâk nâru! »
« Que votre âme se repaît de désespoir, que votre quête soit éternelle, et que votre cœur soit marqué à jamais par la douleur des Dieux déchus ! »
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