L’évangile de sang, version alternative
Livre des Origines
Chapitre 1 : La Venue de Methidalana
Verset 1. Et la montagne, vaste, en déclin de couleur et de lumière, semblable à un trône érodé par des siècles de tempêtes, s’érigea devant Methidalana. Elle contempla son sommet, d’où coulaient des veines minérales, un vestige d’un autel des temps oubliés.
Verset 2. La terre vibrait d’une résonance sourde, réminiscence des danses de Vhash et Nukh, tandis que les enfants de Methidalana l’entouraient. Les fruits de ses unions monstrueuses, créatures croisés, la regardaient avec des yeux d’or, calmes et fidèles.
Verset 3. Mais parmi eux, un seul ne partageait pas cette harmonie étrange. L’enfant humain, Vûrakh, né d’une anomalie cosmique, brillait d’une différence profonde. Sa peau lisse, fragile, ses yeux noirs comme l’abîme, semblaient hors de place parmi cette progéniture divine.
Verset 4. Et Methidalana, prise de pitié pour l’anomalie, murmura : « Je vais te protéger. » Mais au fond de son cœur, elle ressentit le poids de cette promesse, sachant qu’elle serait sa plus grande force et sa plus terrible malédiction.
Chapitre 2 : Le Sanctuaire de Mahl
Verset 1. Sur les cimes des montagnes battues par le vent, Methidalana façonna le premier abri pour l’enfant. Utilisant la pierre Mahl, primordiale et immortelle, elle sculpta un refuge indestructible.
Verset 2. « Mahlûm », dit-elle en posant la dernière pierre, et la maison devint solide, comme un bouclier contre la cruauté du monde. Pour Vûrakh, ce lieu serait une protection, un espace où il pourrait grandir à l’abri des forces qui menaçaient ce monde en perpétuelle transformation.
Verset 3. Mais même la solidité de la pierre ne pouvait éteindre la flamme de la menace qui grandissait. Les premiers hommes, ces créatures nées en dehors de la danse de Vhash et Nukh, s’éveillaient à la présence de l’anomalie.
Verset 4. Admiration d’abord, puis obsession morbide. Les regards curieux devinrent avides, et l’innocence de leur contemplation se transforma en une volonté dévorante. Ils scrutaient Vûrakh avec une telle intensité que même la pierre ne suffirait plus à les arrêter.
Chapitre 3 : La Chute des Premiers Hommes
Verset 1. Les premiers hommes n’étaient pas comme les autres créatures issues du grand cycle de création. Ils étaient eux-mêmes une anomalie, et portaient en eux une faim inextinguible.
Verset 2. Cette faim, invisible, les poussait d’abord à contempler les premières créatures avec adoration, mais leur admiration n’était qu’un prélude à une violence latente.
Verset 3. Ils se rassemblèrent en secret autour du sanctuaire de Methidalana. Leurs prières, au début murmures humbles, prirent une tonalité sinistre. Les mots devenaient lourds d’envie, leurs cœurs remplis d’une soif de pouvoir qu’ils ne pouvaient comprendre.
Verset 4. Une nuit, sous un ciel orageux, ils frappèrent. Leur violence se déchaîna, une horde d’êtres humains, dévorant les créatures dans une fureur insensée. Les formes divines furent arrachées, dévorées, leurs os craqués sous la pression de mâchoires affamées.
Chapitre 4 : La Malédiction de Methidalana
Verset 1. Methidalana regarda, impuissante, ses enfants être déchirés sous ses yeux. Le monde se brisait autour d’elle, et la douleur qu’elle ressentait, profonde et abyssale, se transforma en une colère brûlante.
Verset 2. Elle se dressa, ses mains tendues vers le ciel, et sa voix résonna dans l’air, vibrante de puissance. Ce cri devint malédiction, une sentence lancée dans la langue sacrée de Methidatana :
Verset 3. « Atharûm othnîl, mâthal athûnîra, Odnîsh ethrûm, d’ûn kîrah fhalakh. »
(Que votre essence soit déliée, que la terre vous maudisse, et que le feu soit votre destin).
Verset 4. « Tandûrm zahna! Mahl ethrâ d’ûnâkh, Mahl dâl Zahârim! »
(Je vous maudis ! Que la pierre de l’abîme vous emprisonne, et que la maison des cendres soit votre demeure)._
Chapitre 5 : La Chute dans l’Abîme
Verset 1. À ces mots, le sol sous les pieds des hommes se fissura. La terre, répondant à la malédiction, s’ouvrit avec une lenteur terrifiante, dévoilant les entrailles béantes de l’abîme.
Verset 2. Un cri s’éleva de la bouche des hommes, un cri de terreur et de douleur alors qu’ils étaient engloutis. La pierre Mahl, celle qui avait protégé Vûrakh, devint leur prison. Elle se referma sur eux, impitoyable et éternelle.
Verset 3. Leurs corps, autrefois remplis de vie, se desséchèrent et se flétrirent, devenant des ombres d’eux-mêmes, leurs visages déformés par la peur et l’angoisse. Ils devinrent les premiers habitants de l’Enfer, condamnés à errer dans les profondeurs pour l’éternité.
Verset 4. Et ainsi naquit l’Enfer, non pas un royaume de flammes éternelles, mais un lieu de pierre froide et de cendres, où les âmes damnées errent sans repos, hantées par leur propre soif inextinguible.
Chapitre 6 : L’Enfer et Ses Premiers Habitants
Verset 1. Les premiers hommes, désormais damnés, furent transformés par la malédiction de Methidalana. Leurs corps, jadis faits de chair, devinrent cendre et pierre, et leur souffrance se fit silence dans un monde sans lumière.
Verset 2. Et pourtant, ils ne purent mourir. Chaque instant de leur existence n’était qu’une répétition de leur appétit insatiable, leurs esprits déformés par l’obsession de dévorer ce qu’ils avaient autrefois contemplé avec admiration.
Verset 3. Leur nouvelle demeure, façonnée par la malédiction, était un royaume de désolation. Les murs étaient faits de la pierre de Mahl, noirs comme la nuit sans étoiles. Les flammes, au lieu de brûler, étaient froides et grises, consumant sans fin les âmes des damnés.
Verset 4. Dans ce royaume de désespoir, ils erraient, cherchant sans jamais trouver, condamnés à une éternité de faim et de vide. Leur condamnation était scellée par les mots sacrés de Methidalana, et l’Enfer, ainsi créé, devint leur éternelle prison.
Chapitre 7 : L’Adoption de Vûrakh
Verset 1. Alors que les hommes tombaient dans l’abîme, Methidalana se tourna vers Vûrakh, son dernier enfant, l’anomalie qu’elle avait juré de protéger. Sa compassion pour lui était intacte, malgré les horreurs qu’elle avait dû infliger aux autres.
Verset 2. « Viens, » murmura-t-elle, sa voix douce mais teintée de la tristesse des événements passés. Elle prit Vûrakh dans ses bras et le serra contre elle, sentant sa chaleur fragile et sa vulnérabilité humaine.
Verset 3. « Je te garderai en sécurité », dit-elle en caressant ses cheveux noirs comme l’abîme d’où étaient tombés les premiers hommes. Et dans cette promesse, Methidalana sentit le poids de l’immortalité.
Verset 4. Elle emmena Vûrakh loin des montagnes, loin des cendres et des ruines de ce qui avait été jadis le berceau des premières créatures. Ensemble, ils cherchèrent un nouveau sanctuaire, un lieu où l’anomalie pourrait survivre, à l’abri des regards avides du monde.
Chapitre 8 : La Création de Mahlîth
Verset 1. Sur les rives d’une mer ancienne, là où le vent soufflait doucement et où les étoiles semblaient plus proches, Methidalana trouva enfin un endroit où elle pourrait offrir à Vûrakh un refuge temporaire.
Verset 2. Elle ramassa des pierres, du sable et des branches d’arbres anciens, et avec une douceur infinie, elle les modela ensemble pour former un abri naturel, une protection fragile mais suffisante pour cacher Vûrakh des forces du monde.
Verset 3. « Mahlîth », chuchota-t-elle, nommant cet abri éphémère, fait des éléments qui la regardaient silencieusement depuis la nuit des temps. Ici, Vûrakh pourrait grandir, à l’abri de l’avidité destructrice des hommes.
Verset 4. Et ainsi, dans ce sanctuaire temporaire, Vûrakh commença à grandir. Bien que né d’une anomalie, il restait un être fragile, une créature perdue dans un monde qui ne comprenait pas encore sa propre dissonance.
Chapitre 9 : Les Premiers Pas de Vûrakh
Verset 1. Dans l’abri modeste de Mahlîth, le temps sembla s’écouler différemment. Les étoiles qui surplombaient ce refuge brillaient d’une lumière douce, et la mer, étale et silencieuse, devint le berceau des rêves de Vûrakh.
Verset 2. Vûrakh grandit, non pas en force ni en stature, mais en curiosité. Ses yeux, sombres comme l’abîme, scrutaient l’horizon, cherchant à comprendre le monde qui l’entourait. Il était une anomalie, un être hors du cycle cosmique, mais un être tout de même, avec des désirs et des peurs.
Verset 3. Methidalana, veillant sur lui avec tendresse, lui enseigna le silence et la patience. « Le monde n’est pas prêt pour toi », disait-elle, « mais un jour, tu comprendras pourquoi tu es ici. » Elle voyait en lui quelque chose d’ancien, une force latente qu’elle seule pouvait protéger.
Verset 4. Mais malgré ses efforts, Vûrakh ressentait la dissonance en lui. Ses rêves étaient peuplés de visions étranges : des mondes en ruines, des créatures qu’il ne reconnaissait pas, des flammes froides qui léchaient des cieux sans étoiles. Ces visions le troublaient, et il se demandait quelle place il occupait dans ce vaste univers.
Chapitre 10 : La Rencontre des Ombres
Verset 1. Un jour, alors que Vûrakh errait près des rives, il sentit une présence derrière lui. Ce n’était ni le vent ni les murmures des vagues. C’était quelque chose de plus ancien, une ombre issue du passé, quelque chose qui se souvenait de la chute des premiers hommes.
Verset 2. Il se retourna et vit une silhouette – non pas humaine, ni divine, mais quelque chose entre les deux, une créature de cendres et de pierres, marquée par la malédiction de Methidalana. C’était l’un des premiers damnés, revenu des profondeurs de l’abîme pour chercher ce qui avait été perdu.
Verset 3. « Toi », murmura l’ombre, sa voix rauque comme le craquement de la pierre. « Tu n’es pas comme eux. » Elle s’avança, ses pas lourds, chaque mouvement provoquant un écho profond dans la terre. « Tu es l’enfant de celle qui nous a maudits. »
Verset 4. Vûrakh, pris de terreur et de curiosité à la fois, ne recula pas. « Je ne suis pas comme eux », dit-il simplement, ses mots émergeant avec une clarté troublante. « Je suis autre. »
Chapitre 11 : La Vérité Révélée
Verset 1. L’ombre se pencha, scrutant Vûrakh de ses yeux vides. « Elle t’a protégé… mais elle ne t’a pas dit tout », grogna-t-elle. « Tu n’es pas simplement une anomalie. Tu es le lien entre ce qui fut et ce qui sera. Nous, nous avons chuté, mais toi, tu porteras en toi le fardeau de l’avenir. »
Verset 2. Vûrakh sentit une lourdeur peser sur ses épaules. Il se détourna de l’ombre, cherchant du regard le refuge de Mahlîth, mais les paroles résonnaient en lui. Était-il vraiment différent ? Était-il destiné à porter une malédiction encore plus grande que celle des damnés ?
Verset 3. Methidalana apparut alors, sa silhouette lumineuse tranchant avec les ténèbres environnantes. Elle regarda l’ombre avec une expression de tristesse mêlée de résignation. « Ils t’ont trouvé », dit-elle doucement à Vûrakh.
Verset 4. « Pourquoi n’ai-je jamais su cela ? » demanda Vûrakh, une étincelle de défi dans sa voix. « Pourquoi m’as-tu caché la vérité ? » Methidalana le regarda longuement avant de répondre : « Parce que le savoir est un fardeau que tu ne devais porter que lorsque tu serais prêt. »
Chapitre 12 : Le Fardeau de l’Anomalie
Verset 1. Les mots de Methidalana pesèrent lourd dans l’esprit de Vûrakh. Le lien entre son existence et le sort des damnés, entre la malédiction et l’avenir, était maintenant clair. Il comprit alors que son existence même portait en elle une sorte de rupture, une anomalie qui devait un jour jouer un rôle dans l’ordre cosmique.
Verset 2. « Mais quel est ce fardeau ? » demanda-t-il, les yeux brûlants de questions. « Suis-je maudit comme eux, ou y a-t-il un autre dessein pour moi ? »
Verset 3. Methidalana, avec une tristesse infinie, s’agenouilla devant lui. « Tu es celui qui marche entre les mondes », dit-elle. « Un être ni complètement mortel, ni complètement divin. Tu es une rupture, mais aussi une guérison. Le sort des damnés et le futur des créatures vivantes sont liés à toi. »
Verset 4. Les révélations de Methidalana résonnèrent comme un écho dans l’esprit de Vûrakh. L’abîme, l’Enfer, le cycle de la création et de la destruction – tout cela était en lui. Mais comment porter un tel fardeau, et surtout, comment survivre dans un monde qui ne l’avait jamais voulu ?
Chapitre 13 : L’Ascension de l’Anomalie
Verset 1. Vûrakh, désormais conscient de son rôle dans le vaste cycle cosmique, se tourna vers Methidalana. « Alors, que dois-je faire ? » demanda-t-il. « Si je suis le lien entre ce qui fut et ce qui sera, comment puis-je accomplir ce destin ? »
Verset 2. Methidalana, bien que triste, se leva avec une résolution nouvelle. « Tu dois quitter Mahlîth », dit-elle. « Ce refuge ne peut plus te protéger. Tu dois marcher dans le monde, affronter les forces qui cherchent à te détruire, et découvrir par toi-même ton véritable pouvoir. »
Verset 3. Vûrakh comprit alors que son voyage ne faisait que commencer. L’abri temporaire qu’était Mahlîth ne pouvait plus contenir l’anomalie qu’il était devenu. Il devait s’aventurer dans le monde, braver l’inconnu et accepter son rôle dans la dissonance cosmique.
Verset 4. Et ainsi, Vûrakh, l’anomalie, l’enfant de Methidalana, quitta Mahlîth, son cœur lourd de la connaissance nouvelle, mais son esprit prêt à affronter le monde qui l’avait toujours rejeté. Et quelque part, au loin, les damnés de l’Enfer se redressèrent, sentant dans l’air le changement à venir.
Chapitre I4 – La Chute de Vûrakh et la Création de l’Enfer
Verset 1
Vûrakh, l’Anomalie, se tenait seul devant le vide béant. Là où les dieux dansaient jadis, lui demeurait immobile, accablé sous le poids de sa malédiction. Ses frères monstres avaient péri, déchirés par les hommes qu’ils avaient eux-mêmes engendrés. Il portait leur mémoire comme une plaie vive, mais ce fardeau n’était rien en comparaison de celui que lui imposait Methidalana. Elle, la mère cosmique, l’avait maudit, condamné à une lutte perpétuelle contre la nature de son propre être.
Verset 2
Le temps ne serait jamais son allié, car Vûrakh ne devait jamais se réconcilier avec l’ordre de la création. Contraint à l’errance, chaque instant de répit lui échappait comme une promesse brisée. Dans cette existence sans rédemption, il était destiné à chercher un sens, à survivre dans un monde qui ne voulait ni de lui, ni de ses semblables.
Verset 3
Methidalana, dans sa froideur infinie, avait tourné son regard vers l’Enfer. Elle ne se laissait plus émouvoir par les douleurs ou les prières. L’Enfer serait désormais son domaine, et elle l’administrerait avec une minutie glaçante. Chaque damnation, chaque souffrance, serait ordonnée, cataloguée, et maintenue avec la précision d’une horloge cosmique. L’Enfer devenait un immense bureau, où elle classerait les âmes comme autant de documents égarés dans l’éternité.
Verset 4
Les âmes des hommes, les mêmes qui avaient dévoré les créatures divines, furent accueillies par des cénobites serviles et sans expression. Ils guidaient les nouveaux arrivants à travers des couloirs infinis, où chaque détour menait à une nouvelle forme de tourment, soigneusement choisie et dosée selon les transgressions du vivant. Methidalana était là, assise dans son trône d’obsidienne, surveillant tout d’un œil impassible.
Verset 5
Vûrakh, dans son errance, n’avait aucun refuge, même dans ce royaume sombre. Sa lutte contre la malédiction était telle qu’il ne pouvait se soumettre à l’ordre de l’Enfer. Mais Methidalana veillait à ce qu’il ne trouve aucun repos, car dans son administration parfaite, il ne devait exister aucun lieu de répit pour l’Anomalie. Luttant contre lui-même, il se heurtait sans cesse aux murs invisibles de son propre désespoir.
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