« Morsures Fatales »

Dans la paisible ville de Rougemont, où le quotidien se résumait à des potins et des cafés en terrasse, une femme fascinait les habitants. Éléonore. Grande, élégante, et toujours vêtue de rouge, elle dégageait un magnétisme irrésistible. Sa maison en bordure de forêt, isolée et mystérieuse, n’était visitée que par des hommes qui, étrangement, ne ressortaient jamais.

Bien sûr, les rumeurs allaient bon train. « Un tueur en série rôde », murmuraient certains. « Elle a des amants qu’elle fait fuir », prétendaient d’autres. Mais personne ne se doutait de la vérité, aussi grotesque et terrifiante soit-elle.

Éléonore n’était pas une tueuse classique. Elle portait en elle une malédiction. Une affliction terrifiante et… dévorante. Un vagin doté de dents. Pas de simples incisives. Des crocs acérés, affamés, qui réclamaient de la chair.

Tout avait commencé lors d’un voyage en forêt amazonienne, des années plus tôt. Une tribu reculée lui avait parlé d’un « esprit dévoreur », une entité ancienne qui habitait les femmes qu’il jugeait dignes de sa force. Malheureusement pour Éléonore, l’esprit l’avait choisie. Depuis, elle vivait avec cette faim insatiable, piégée dans son propre corps.

Au début, elle avait essayé de résister, priant pour un remède. Mais la faim l’avait toujours emportée. Chaque homme qu’elle attirait devenait une offrande involontaire à la créature en elle. Avec le temps, elle avait accepté son sort, apprenant à dissimuler les disparitions sous des sourires charmeurs et une réputation de femme mystérieuse.

Mais un soir, tout changea.

Un détective privé nommé Bernard Cloutier débarqua en ville. Le genre d’homme qu’on remarque immédiatement : moustache touffue, imperméable beige un peu usé et un regard perçant sous des sourcils broussailleux. Bernard était mandaté par des familles inquiètes et déterminé à élucider cette affaire.

— Madame Éléonore, dit-il en s’installant dans son salon luxueux, vous semblez être au cœur des disparitions récentes.

Elle sourit doucement, croisant ses longues jambes.

— Vous m’accusez d’un crime, monsieur le détective ?

— Non, répondit-il en plissant les yeux. Mais il y a quelque chose chez vous… une odeur.

Éléonore sentit une sueur froide glisser dans son dos. L’esprit en elle grogna silencieusement, agacé par cette confrontation inattendue.

— Vous avez de l’imagination, Bernard.

Mais il n’était pas dupe. Il s’approcha, son regard planté dans le sien.

— Vous savez ce qui m’intrigue le plus ? Ce que vous faites des corps. Ils disparaissent, comme… avalés.

Le ton changea. L’atmosphère devint lourde. La créature en elle bouillonnait. Elle devait agir, maintenant.

— Vous êtes curieux, murmura-t-elle. Trop curieux…

En une fraction de seconde, elle l’attira à elle, prête à laisser le monstre frapper. Mais Bernard, imperturbable, sortit un flacon rouge vif de sa poche.

— Vous aimez la cuisine épicée, Éléonore ?

Avant qu’elle ne comprenne, il vida le contenu du flacon sur elle. La créature hurla, comme brûlée vive. Les crocs repliés, elle se tordait de douleur à l’intérieur d’Éléonore.

— Sauce piquante maison, annonça Bernard, un sourire en coin. Rien de tel pour calmer une bête affamée.

Éléonore s’effondra, haletante, incapable de bouger.

— Ce n’est pas fini, murmura-t-elle entre deux gémissements.

Bernard, en ajustant son imperméable, éclata de rire.

— Peut-être pas. Mais vous avez mordu plus épicé que vous ne pouviez mâcher.

En sortant, il laissa la porte ouverte, permettant aux habitants curieux d’apercevoir leur terrible vérité.

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Né en Corse au début des années 80, l'auteur, J.M. Martin commence très tôt à aiguiser sa plume en de nombreuses circonstances. Après avoir émigré à Toulouse et suite à divers rebondissements personnels et professionnels il se lance cette fois dans l' écriture professionnelle et nous ouvre les portes d'un univers inédit. Composé d'une multitude de strates et d'une mythologie complète, il parvient à faire éditer ses premiers livres assez rapidement. Aujourd'hui, de retour sur son île natale, il scénarise pour le studio de jeux vidéo JDO-Univers, il continue malgré tout ses œuvres littéraires complétant un univers riche et infini.

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